La dissertation est un des types de devoir qui est demandé au cours des études de droit (entre autres), et qui pose généralement le plus de difficultés auprès des étudiants.
Voici donc la méthodologie de la dissertation, mais également des conseils méthodologiques car si la structure même n'est pas très compliquée, c'est la manière d'organiser les connaissances qui fait toute la différence entre une bonne dissert' et une mauvaise.
Merci à
manue36 et
Pix pour leur contribution.
• Concernant la structure même de la dissertation, il faut distinguer l'introduction du corps du devoir :Introduction1 - Citation ou fait d'actualité en rapport avec le sujet
2 - Présentation GÉNÉRALE du sujet (dans le temps, l'espace…).
Exemple, si on donne "Le droit constitutionnel", ce n'est pas la même chose que "le droit constitutionnel en France".3 - Présentation plus détaillée (sans trop rentrer dans le sujet non plus), définitions, acteurs, évènements, etc.
4 - Problématique. Le mieux est d'en mettre 2 ou 3. Une ne suffit pas généralement, elle est souvent trop vague. Attention, il ne s'agit pas de mettre le sujet sous forme de question.
5 - Annonce du plan. Ne pas mettre : "Nous allons nous intéresser à :…" ou encore (et surtout) : "Dans une première partie, nous verrons… et dans une deuxième…" mais plutôt : "Les questions précédentes amènent à s'interroger sur…", sans oublier de mettre les références de parties entre parenthèses.
Exemple : Il faut distinguer l'introduction (I) du corps du devoir (II).PartiesEn droit, on demande 2 grandes parties avec 2 sous-parties.
Un
chapeau annonce les deux idées générales des grandes parties.
Il ne faut pas oublier les
transitions entre le I et le II, et entre les A et B.
Les parties les plus importantes sont le I-B et le II-A.
On ne demande pas de conclusion. Il est toujours possible d'en faire une, mais uniquement si c'est absolument nécessaire. Donc, le II-B est conclusif.
Ce qui donne en résumé :
I/ Titre
Chapeau annonçant le A et B
A) Titre
Deux sous parties c'est l'idéal. Il faut qu'il y ait une continuité entre les deux.
Transition
B) Titre
Transition
II/ Titre
Chapeau annonçant le A et B
A) Titre
Transition
B) Titre
Partie se terminant en conclusion.
Dernier conseil concernant la forme : aérer le plus possible la copie et se relire pour éviter le plus possible les fautes d'orthographe.
Il faut également faire attention dans la rédaction de des titres des parties et les qualifier le plus possible.
• Maintenant, au-delà de la forme, c'est le fond qui pose le plus de problèmes généralement.Ainsi, le but de la dissertation n'est pas de recracher le cours, mais de réfléchir sur un sujet donné (donc disserter…). Il faut donc "questionner" le sujet (le torturer comme dirait M. Néret) pour en dégager une problématique personnelle et pertinente, à laquelle le devoir répondra.
Au-delà de l'intro générale du sujet (accroche, contexte etc...) c'est la problématique qu'il faut introduire. La problématique doit révéler la difficulté de la question et exprimer la nécessité de se la poser.
La plupart des cours de droit ne font pas réellement ça : ils exposent selon une construction assez classique les solutions retenues dans la matière concernée. Seuls certains passages introductifs ou d'ouverture soulignent les problèmes et contradictions que soulèvent les solutions de droit positif.
Le travail de dissertation consiste le plus souvent à découvrir ces difficultés. Une fois que la problématique les révèle, le développement les expose.
Dans les développements tout est question de dosage et de placement.
Pour le placement, généralement la première partie est plus descriptive et sert à exposer ses connaissances du sujet. En droit, elle vise souvent à exposer la solution de principe qu'impose la logique.
Pour faire une analogie avec la philosophie, on pourrait dire que c'est la solution évidente qui viendrait intuitivement à l'esprit de l'homme raisonnable. Mais comme le sujet est problématisé dans l'introduction, la transition entre les deux parties doit montrer que cette solution
a priori évidente ne l'est pas tant que ça et qu'il y a une autre façon plus subtile de voir les choses, qu'il faut exposer dans la deuxième partie.
La première sous-partie de cette deuxième partie expose cette solution et les raisons de cette subtilité.
C'est dans la dernière sous partie qu'il faut prendre le plus position. Il est alors possible de dire si cette autre solution parait justifiée (ou souhaitable si elle n'est pas de droit positif) et quelles seraient les conséquences de cette solution et les nouveaux problèmes que cela pourrait poser (et qui pourraient faire l'objet d'une autre dissertation! et la boucle est bouclée).
Pour le dosage, c'est plus ou moins facile en fonction de la technicité de la matière.
Certaines matières, comme le droit pénal, sont assez ouvertes à la critique car touchant de prêt le droit naturel et les libertés fondamentales. Pour d'autres il faut avoir de solides arguments pour avoir vraiment un avis personnel et cela vient avec le temps car plus on connait de matières juridiques différentes plus il est possible de faire des rapprochements entre les matières et plus il y aura d'incohérences qui se feront jour.
Dans tous les cas en matière de dosage, je te conseille d'éviter les commentaires pseudo-politiques : pas de "dérive sécuritaire", de "paupérisation du prolétariat" ou "d'éclatement des valeurs familiales" car cela peut révéler un manque de recul par rapport au sujet.
L'important, en résumé, c'est de montrer au correcteur qu'on a réfléchi sur les limites des solutions évidentes et sur la raison d'être de ces solutions.
J'ai corrigé les fautes et généralisé les conseils pour une meilleure compréhension. Pour toute remarque ou réclamation, prévenez-moi par mp ou email